Eclat. Installations photographiques de Michael Wittassek
La ville d’Arras, riche d’un patrimoine exceptionnel, s’est donné comme objectifs de développer la présence de l’art contemporain, de soutenir les artistes émergents et d’accompagner les projets innovants, objectifs partagés avec l’association L’être lieu.
Depuis 2013, le Musée des beaux-arts d’Arras et L’être lieu s’associent à un artiste plasticien, le temps d’une résidence et d’une exposition croisée, et proposent un parcours d’art contemporain en deux temps. En résidence de septembre 2019 à mars 2020 et ensuite stoppé dans sa création par la pandémie au printemps dernier, l’artiste a tenu à finaliser son installation pour pouvoir la présenter au public.
MICHAEL WITTASSEK
Michael Wittassek est un artiste photographe allemand né en 1958, il vit et travaille près de Cologne. Depuis plus de trente ans, il réalise des installations photographiques inédites, créées spécifiquement pour les lieux d’exposition en France, en Allemagne et en Pologne. Sa conception de la photographie, singulière, prend des distances avec la prétendue objectivité d’une image saisie de la réalité. Quand il existe, le motif (toujours en noir et blanc) est déformé, gratté, malmené. Le résultat, plus ou moins illisible, tend vers l’abstraction et à l’interprétation ouverte de ce qui a été saisi : on croit déceler, çà et là, les plis d’un drapé, la vision d’un monde aquatique ou les reflets d’une carrosserie imaginaire. Michael Wittassek utilise souvent, au sein même de son processus de création, des techniques mixtes d’argentique et de numérique. Il engage pleinement son corps et des gestes dans des bains de révélation et de fixation du motif, ainsi que dans l’installation de ses pièces photographiques. Se définissant comme un « sculpteur de photographies », il transforme ses tirages en volumes de papier, suspendus ou gisants au sol, en interaction dynamique avec l’architecture des lieux, comme à L’être lieu dans les anciens ateliers techniques du lycée Carnot, et au musée avec l’architecture abbatiale inspirée de la seconde moitié du 18e siècle.
LE PROPOS DE CETTE EXPOSITION CROISEE AU MUSEE DES BEAUX-ARTS D’ARRAS ET L’ETRE LIEU
Lors de sa résidence au Musée des beaux-arts d’Arras, Michael Wittassek s’est intéressé d’une part à la peinture illusionniste du trompe-l’oeil et au reflet à travers la représentation du verre ou du miroir, et d’autre part au « cliché-verre », une technique entre la gravure et la photographie mise au point dans les années 1860, par le célèbre peintre paysagiste arrageois Constant Dutilleux et par Camille Corot. Fort de cette inspiration, Michael Wittassek propose une installation composée d’une trentaine de réalisations photographiques se mêlant au verre et questionnant les notions de transparence, de reflet et d’éclat. Ce dernier terme, polysémique, souligne le rôle primordial de la lumière dans sa pratique photographique mais aussi la création d’une œuvre éclatée, d’un environnement immersif, invitant le visiteur à une déambulation dans les galeries du cloître de l’ancienne abbaye Saint-Vaast.
Au cours de sa résidence à L’être lieu, Michael Wittassek a échangé avec les étudiants de l’option arts plastiques de classe préparatoire littéraire du lycée Gambetta-Carnot, présentant ses réflexions personnelles sur la photographie, tout en les accompagnant dans leurs créations personnelles. Librement inspirées par la démarche de l’artiste, celles-ci ont pris la forme de multiples questionnements et explorations plastiques sur la matérialité photographique, la lumière, le verre, le reflet, le scintillement…
Parallèlement, l’artiste a créé pour l’espace d’exposition une installation photographique inédite qui prend en compte la nature industrielle de ce lieu et son architecture d’atelier industriel en nous présentant une évocation photographique d’un chantier traversé par le vent, rendant visible et sensible une photographie déployée dans un espace et se brisant. L’artiste conçoit ainsi cette exposition, qui associe cette œuvre personnelle à celles des étudiants, comme la mise en scène d’une déambulation éclatée, à la fois physique, spatiale et mentale.